Dans le domaine des contenus culturels immersifs et des métavers à venir, une nouvelle filière de production culturelle française doit apparaître. Elle s’adressera à tous les secteurs des industries culturelles et créatives, et notamment aux expositions muséales, à la valorisation du patrimoine, au spectacle vivant augmenté, aux arts visuels ou à la formation dans le domaine des métiers d’art. Il s’agit rien de moins que d’assurer la représentation des imaginaires français et européens dans ce nouvel espace. 

Les artistes et les créateurs (chorégraphes, metteurs en scènes, professionnels des métiers d’art, animateur 3D, designer graphique, artistes numériques, etc.) pourront déployer de nouvelles écritures et s’appuyer sur un diversité d’entreprises aptes à traduire techniquement les exigences artistiques les plus hautes. Les institutions culturelles pourront également développer de nouvelles narrations. 

Cela leur permettra de s’adresser à des publics (jeunes notamment) dont les usages culturels, essentiellement numériques, sont parfois très éloignés des offres proposées par les institutions culturelles traditionnelles. Ces dernières trouveront ainsi, dans ces nouveaux modes de valorisation de leur création et de leur patrimoine, des relais leur permettant de s’adresser à un public plus large. 

Le périmètre de cette action inclut l’ensemble des industries culturelles et créatives : l’audiovisuel, le cinéma, le spectacle vivant dans toutes ses disciplines, la musique dans toutes ses composantes, les musées et le patrimoine, les arts visuels, le design, l’architecture, les métiers d’art, le jeu vidéo, le livre et la presse, ainsi que les secteurs connexes de la communication et de la mode pour le volet créatif de leur activité.

Dans le domaine de l'immersif, l’État ambitionne de créer une véritable filière pour l’immersif culturel. L’objectif est de renforcer la souveraineté culturelle française et de favoriser l’émergence des futures pépites culturelles de demain. Le rapport de la mission sur le développement des métavers remis en 2022 a montré que la France dispose de nombreux atouts pour conserver sa souveraineté industrielle et culturelle dans cette révolution technologique mais doit répondre d’abord à plusieurs défis : 

• permettre aux entreprises françaises de développer des briques technologiques compétitives et souveraines (moteurs graphiques ou 3D, cloud computing, etc.) ; 
• constituer une véritable filière industrielle en accompagnant les entreprises les plus prometteuses ; 
• mieux diffuser les œuvres et contenus immersifs, en ligne et dans des lieux physiques, afin de faire émerger un modèle économique pérenne. C'est toute l'ambition de l'État, à travers le plan France 2030, avec le lancement de plusieurs dispositifs pour répondre à ces défis aussi bien sur les usages que sur les briques technologiques.

« Un métavers est un service en ligne donnant accès à des simulations d’espaces 3D en temps réel, partagées et persistantes, dans lesquelles on peut vivre des expériences immersives. »

Dans cette définition proposée par le rapport sur la mission exploratoire sur le développement des métavers remis au Gouvernement en octobre 2022, la 3D concerne les trois dimensions de l'espace (ce qui diffère du cinéma 3D qui ne propose que le relief). Les modes d'immersion sont multiples (réalité augmentée ou réalité virtuelle avec ou sans visiocasque, incarnation dans un avatar). La simulation est partagée par tous les utilisateurs connectés et se poursuit en leur absence. Chacun est libre de la rejoindre ou de la quitter.
Il existe différents types de métavers : hyperréalistes ou voxelisés (le voxel dans l'univers 3D est l'équivalent du pixel dans la 2D), projetés sur un écran ou spatialisés (immersion par un visiocasque), possibilités d'interactions plus ou moins développées... Les métavers s'appuient sur des technologies diverses dont les plus poussées sont les visiocasques et les chaînes de bloc (blockchain).

Ces expériences séduisent aujourd’hui un public de plus en plus large dans le champ de la culture : des plateformes numériques et de jeu vidéo réunissent chaque mois des centaines de millions d’utilisateurs pour assister à un concert ou à des avant-premières de films, tandis que certains lieux d’expositions immersives dépassent le million de visiteurs annuels. 

Ces nouveaux usages ouvrent la voie à des expériences culturelles toujours plus riches, à de nouveaux modes de valorisation de nos œuvres et de notre patrimoine, et à un renouvellement de l’accès à la culture pour de nouveaux publics. Il s’agit d’une opportunité majeure pour « augmenter » les formes de création et de diffusion dans des champs très divers (musique, spectacle vivant, jeu vidéo, arts visuels, etc.) tout en assurant l’indépendance des acteurs français et européens de l’innovation.